DUBAI, 12 février 2024 (WAM) – Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr. Tedros Ghebreyesus, a déclaré que le monde n'était pas encore prêt à faire face aux urgences et aux crises, et que les répercussions du COVID-19 pouvaient encore se faire sentir.
Lors du premier jour du Sommet mondial des gouvernements (SMG) 2024, Dr. Tedros Ghebreyesus a prononcé un discours intitulé "Un pacte avec l'avenir : Pourquoi l'accord sur les pandémies est essentiel pour l'humanité", il a déclaré que les membres de l'OMS n'avaient pas respecté plusieurs conditions de l'accord sur la prévention, la préparation et l'intervention en cas de pandémie, signé à Genève en 2021.
Dr. Ghebreyesus a salué les efforts des Émirats arabes unis et leur rôle primordial pour donner la priorité à la santé dans leur programme d'action climatique, lorsqu'ils ont accueilli la Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique COP28 en décembre 2023, qui a déclaré dans son discours finale que la crise climatique est essentiellement une crise sanitaire.
"Je remercie les EAU pour leur soutien au hub logistique mondial de l'OMS ici à Dubaï, qui est devenu un élément essentiel de la réponse opérationnelle de l'OMS aux urgences sanitaires dans le monde. L'année dernière, le centre a distribué des fournitures médicales à 50 millions de personnes en situation d'urgence dans 81 pays, dans toutes les régions du monde - Afghanistan, Tchad, Fidji, Haïti, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sri Lanka, Ukraine, Venezuela, Yémen et bien d'autres encore", a-t-il déclaré.
"La plate-forme joue actuellement un rôle essentiel dans notre réponse à plusieurs situations d'urgence dans le monde, y compris la crise actuelle à Gaza. Jusqu'à présent, nous avons livré 447 tonnes de fournitures médicales à Gaza, mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins, qui ne cessent de croître chaque jour. Seuls 15 des 36 hôpitaux de Gaza sont encore partiellement ou très peu fonctionnels. Les professionnels de la santé font de leur mieux dans des circonstances impossibles. Je suis particulièrement préoccupée par les récentes attaques contre Rafah, où la majorité de la population de Gaza a fui les destructions au nord. L'OMS continue d'appeler à un accès sûr pour le personnel et les fournitures humanitaires, nous continuons d'appeler à la libération des otages détenus par Hamas, et nous continuons d'appeler à un cessez-le-feu", a-t-il ajouté.
Dr. Ghebreyesus a rappelé qu'il avait prédit il y a six ans qu'une pandémie se déclencherait et qu'il avait prévenu que le monde n'était pas prêt pour cela. La pandémie de Covid-19 a éclaté moins de deux ans plus tard.
"Aujourd'hui, je me tiens devant vous, au lendemain du COVID-19, avec des millions de morts et des chocs sociaux, économiques et politiques qui se répercutent encore aujourd'hui. Bien que certains progrès aient été accomplis, comme l'amélioration de la surveillance, le Fonds de lutte contre les pandémies, le renforcement des capacités de production de vaccins et l'examen périodique que nous avons entamé, le monde n'est toujours pas prêt à faire face à une pandémie. Les leçons douloureuses que nous avons apprises risquent d'être oubliées, mais si nous ne les tirons pas, nous le paierons cher la prochaine fois. L'histoire nous enseigne que la prochaine pandémie est une question de "quand" et non de "si".
Il a ajouté : "La maladie X a fait l'objet de beaucoup d'attention ces derniers temps, mais en fait, elle n'est pas nouvelle. Si elle frapperai demain, nous serions confrontés à bon nombre des problèmes que nous avons rencontrés avec le COVID-19. C'est pour cette raison qu'en décembre 2021, les États membres de l'OMS se sont réunis à Genève et ont décidé d'élaborer un accord international sur la préparation et la riposte aux pandémies. À l'approche de la date butoir de mai 2024, les pays ne sont pas encore parvenus à un consensus sur certaines questions."
Il a expliqué le rôle crucial de l'accord sur la pandémie : "L'accord sur la pandémie est un engagement en faveur de la sécurité nationale. En effet, les agents pathogènes n'ont que faire des lignes tracées par les humains sur les cartes, de la couleur de nos politiques, de la taille de nos économies ou de la puissance de nos forces armées. Nous sommes une seule et même humanité, une seule et même espèce, partageant le même ADN et la même planète. Nous n'avons pas d'autre avenir qu'un avenir commun".
Dr. Ghebreyesus a rejeté les rumeurs qui circulent sur le projet de l'OMS de dominer le monde, de restreindre les libertés et d'imposer de nouvelles restrictions mondiales.
"Nous ne pouvons pas permettre que cet accord historique soit saboté par ceux qui répandent des mensonges. Notre travail consiste à soutenir les gouvernements en leur fournissant des orientations, des conseils et, le cas échéant, des fournitures, afin de les aider à protéger leur population. Mais les décisions leur appartiennent. L'OMS n'a pas imposé de fermeture ni masqué de mandats", a-t-il souligné.
En conclusion, Dr. Ghebreyesus a déclaré : Il est temps de dire "non" aux mensonges et à la désinformation, et "oui" à la coopération internationale, à l'équité et à la solidarité. En tant que génération ayant vécu le COVID-19, nous avons la responsabilité collective de protéger les générations futures des souffrances que nous avons endurées. Que l'histoire retienne que nous avons été à la hauteur de cette responsabilité".
Pour sa 11ème édition, le SMG 2024 réunit 85 organisations internationales, 140 gouvernements, plus de 25 chefs d'État, 700 dirigeants de grandes entreprises internationales et plus de 4 000 experts et fonctionnaires.
Traduit par : Gihane Fawzi.