Mohammed Al Gergawi : Le monde traverse aujourd'hui une phase charnière après 25 ans de ce millénaire... Ceux qui ne tirent pas les leçons de l'histoire répéteront ses erreurs

DUBAÏ, le 11 février 2025 (WAM) — Son Excellence Mohammed bin Abdullah Al Gergawi, ministre des Affaires du Cabinet et président de la Fondation du Sommet mondial des gouvernements, a affirmé que l’humanité traverse aujourd’hui une période charnière, après avoir vécu 25 ans de transformations majeures sur les plans technologique, économique et social depuis le début de ce millénaire.

Lors de son discours inaugural au Sommet mondial des gouvernements 2025, qui se tient à Dubaï jusqu’au 13 février, Al Gergawi a déclaré : « Les 25 dernières années ont été marquées par des événements tumultueux, mais aussi par des changements impressionnants. Ce qui nous attend au cours des 25 prochaines années dépassera tout ce que l’humanité a connu dans son histoire. Notre avenir sera déterminé par les décisions que nous prenons aujourd’hui, car l’avenir est le fruit des choix présents. »

Il a accueillé les participants en rappelant la vision clairvoyante de Son Altesse Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, président de l’État, et le parrainage de Son Altesse Cheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, vice-président, Premier ministre et souverain de Dubaï. Le sommet vise à offrir une plateforme pour discuter des grands défis qui façonneront l’avenir de l’humanité.

« La leçon la plus importante que nous enseigne l’histoire, a-t-il ajouté, est que ce qui est à venir sera très différent de ce que nous avons connu. Les changements économiques et technologiques de demain seront radicalement nouveaux. Le rôle des gouvernements est de s’y préparer, car ce qui vient est un nouveau chapitre de l’histoire qui sera écrit avec de nouvelles règles. »

En revenant sur les 25 dernières années, il a mis en lumière les profondes transformations mondiales : la population mondiale a atteint 8,2 milliards d’habitants, l’économie mondiale a plus que triplé, passant de 34 à 115 billions de dollars, et le commerce international a quintuplé pour atteindre 33 billions de dollars en 2024. Il a également noté la domination croissante des entreprises technologiques et des plateformes numériques au détriment des secteurs industriels traditionnels.

« En l’an 2000, le monde était optimiste face à la mondialisation. Mais avec la montée des mouvements populistes, nous avons assisté à des politiques de repli sur soi et de fragmentation. Le nombre d’utilisateurs d’Internet est passé de moins de 7 % à plus de 60 % de la population mondiale, et les cryptomonnaies, inexistantes à l’époque, valent aujourd’hui 3 billions de dollars. »

Il a ensuite posé une question essentielle aux participants : « Que se serait-il passé si les décisions prises par les gouvernements, les organisations et les sociétés étaient différentes au cours des 25 dernières années ? »

Dans son intervention, il a présenté quatre scénarios découlant des décisions passées :

Les conflits et les choix de paix : Plus de deux millions de personnes ont péri dans des conflits, et 120 millions ont été déplacés. Seuls 4 % des conflits ont abouti à des accords de paix. « Et si nous avions choisi la paix et les solutions diplomatiques au lieu des confrontations militaires ? », a-t-il demandé.

Croissance économique et bien-être : Malgré la croissance économique, les études montrent que les populations des grandes économies ne sont pas les plus heureuses. « Et si les gouvernements avaient mis l’accent sur la qualité de la croissance plutôt que sur sa quantité ? », a-t-il ajouté.

La confiance dans les gouvernements : Entre 2000 et 2025, la confiance envers les gouvernements a diminué, ne dépassant pas 52 % selon les derniers rapports. « Et si la construction de la confiance était devenue une priorité au cours des 25 dernières années ? », a-t-il demandé.

La lutte contre la pauvreté : Aujourd’hui, 630 millions de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté. Il faudrait 800 milliards de dollars par an pour éradiquer la faim et assurer l’éducation et les soins de santé dans le monde. « Et si les motivations humanitaires avaient guidé les agendas mondiaux ? », a-t-il conclu.

Al Gergawi a partagé ses projections pour les 25 prochaines années : la population mondiale atteindra 10 milliards d’habitants, avec une forte croissance en Afrique et en Asie. Plus de 20 % de la population sera âgée de plus de 60 ans, ce qui exigera des systèmes de santé et de protection sociale robustes. En 2050, plus de 20 milliards de robots seront en service, posant des questions majeures sur leur impact social et économique.

Le secteur spatial deviendra un pilier de la vie quotidienne, avec un économie spatiale évaluée à 4 billions de dollars. L’éducation connaîtra une transformation radicale grâce aux technologies d’amélioration des capacités humaines, et les avancées en médecine permettront de prolonger la vie et d’accroître la productivité.

Il a ajouté : « Nous entrons dans une ère sans précédent de l’histoire humaine, où l’intelligence artificielle, encore en gestation, deviendra un rival potentiel des capacités humaines. Cela exige de nouveaux outils, de nouvelles approches et une vision renouvelée. »

En conclusion, Al Gergawi a affirmé que les 25 prochaines années seront déterminées par les décisions d’aujourd’hui. « L’avenir de l’humanité est la somme des décisions prises par les gouvernements, les organisations, les entreprises et les individus. »