NEW YORK/GENÈVE, le 12 mai 2025 (WAM) – L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont lancé un appel pressant en faveur de l’ouverture immédiate des points de passage et de l’acheminement sans restriction de l’aide humanitaire vers Gaza, mettant en garde contre une famine imminente, l’effondrement total du secteur agricole et une hausse alarmante de la malnutrition et de la mortalité, en raison du blocus persistant qui prive la population de nourriture, d’eau et de soins médicaux.
Un nouveau rapport publié ce jour par la "Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire" (IPC) révèle que l’ensemble de la population de Gaza, soit environ 2,1 millions de personnes, est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë.
Le rapport classe 93 % de la population (soit 1,95 million de personnes) entre les phases 3 et 5 de l’échelle IPC : 244 000 personnes (12 %) en phase 5 (famine catastrophique), 925 000 (44 %) en phase 4 (urgence) et le reste en phase 3 (crise).
Selon le rapport, près de 470 000 personnes font actuellement face à une famine avérée, tandis que 71 000 enfants et plus de 17 000 mères ont besoin d’un traitement immédiat contre la malnutrition aiguë. Depuis le début de l’année 2025, environ 60 000 enfants ont nécessité une prise en charge directe.
Les Nations Unies ont averti que la situation devrait empirer entre le 11 mai et la fin septembre 2025, avec l’ensemble de la population maintenue dans un état de crise alimentaire ou pire.
Dans le secteur agricole, la FAO indique que 42 % des terres de Gaza (soit plus de 15 000 hectares) étaient cultivées avant octobre 2023. Cependant, 75 % des champs et des oliveraies ont été endommagés ou détruits lors des opérations militaires, et deux tiers des puits agricoles (soit 1 531 puits) sont devenus inutilisables depuis le début de l’année.
Bien que la FAO ait distribué plus de 2 100 tonnes de fourrage et de fournitures vétérinaires à plus de 4 800 éleveurs, ces efforts demeurent insuffisants. L’organisation avertit qu’un surcroît de 20 à 30 % du cheptel est menacé de mort si l’approvisionnement vital reste entravé.
Cindy McCain, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, a déclaré : « Des familles entières meurent de faim pendant que l’aide reste bloquée aux frontières. La famine ne survient pas subitement : elle s’installe lorsque les populations sont privées d’accès à la nourriture et aux soins. »
De son côté, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell, a souligné que la faim et la malnutrition sont devenues une réalité quotidienne pour les enfants à Gaza, appelant à une action immédiate pour éviter une catastrophe humanitaire.
Le rapport précise également que plus de 116 000 tonnes d’aide alimentaire sont prêtes aux points de passage, de quoi nourrir environ un million de personnes pendant quatre mois, mais que cette aide n’a pas pu entrer en raison du blocus. Les stocks alimentaires sont totalement épuisés, et les 25 boulangeries subventionnées ont cessé leur activité depuis la fin avril, faute de farine et de combustible.
Les agences onusiennes ont appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à autoriser l’entrée immédiate des approvisionnements. Elles avertissent qu’à défaut, les taux de mortalité pourraient bientôt dépasser les seuils associés à une famine à grande échelle.