WASHINGTON, 2 juin 2025 (WAM) — Une nouvelle thérapie triple pour traiter les formes agressives et avancées du cancer du sein ralentit la progression de la maladie, retarde le recours à la chimiothérapie et améliore la survie des patientes, selon une récente étude.
Composée de deux traitements ciblés — l’inavolisib et le palbociclib — associés à une hormonothérapie, le fulvestrant, cette nouvelle combinaison thérapeutique a permis d’améliorer la survie globale de sept mois en moyenne par rapport au groupe témoin recevant uniquement le palbociclib et le fulvestrant.
Les résultats, dévoilés lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), à Chicago, et publiés dans le New England Journal of Medicine, révèlent également que la progression de la maladie a été retardée de 17,2 mois en moyenne, contre 7,3 mois dans le groupe de contrôle. Les patientes traitées avec l’inavolisib ont ainsi pu différer une chimiothérapie ultérieure de près de deux ans supplémentaires.
Une avancée pour les patientes atteintes de cancers PIK3CA-mutés
L’essai clinique international INAVO120, financé par le laboratoire Roche, a inclus 325 patientes dans 28 pays, parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, Singapour, le Brésil, la France et l’Allemagne. L’étude visait spécifiquement les patientes atteintes d’un cancer du sein RH+ HER2-, porteur d’une mutation du gène PIK3CA, une forme fréquente de la maladie. Environ 70 % des patientes sont concernées par ce sous-type, dont 35 à 40 % présentent une mutation PIK3CA, associée à une croissance tumorale plus rapide, une progression plus agressive de la maladie et une résistance accrue aux traitements.
« L’essai INAVO120 a mis en évidence une combinaison thérapeutique ciblée qui améliore de manière significative la survie chez les patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique RH+ porteur d’une mutation PIK3CA. Il s’agit d’une avancée majeure pour ces patientes », a déclaré la Dre Jane Lowe Meisel, codirectrice de l’oncologie mammaire au Winship Cancer Institute de l’Université Emory et experte auprès de l’ASCO.
Des résultats cliniques prometteurs
Environ 62,7 % des patientes du groupe recevant la thérapie triple ont montré une réduction significative de la taille de leur tumeur, contre 28 % dans le groupe de contrôle. Le professeur Nick Turner, oncologue médical au Royal Marsden NHS Foundation Trust et professeur d’oncologie moléculaire à l’Institute of Cancer Research de Londres, qui a dirigé la branche britannique de l’étude, a souligné : « Cette combinaison thérapeutique non seulement améliore la survie, mais double également le délai avant la progression de la maladie. Elle retarde également de manière significative le recours à la chimiothérapie, ce qui est un soulagement important pour les patientes. »
Le médicament inavolisib agit en bloquant l’activité de la protéine PIK3CA, ciblant ainsi directement la mutation. Le traitement a été bien toléré par la majorité des participantes, avec peu d’effets secondaires entraînant un arrêt du traitement.
Le Dr Simon Vincent, directeur de la recherche à l’organisation Breast Cancer Now, a qualifié ces résultats de « percée significative », tandis que le Dr Nisharnthi Duggan, responsable de l'information scientifique à Cancer Research UK, a salué une avancée prometteuse vers des options thérapeutiques plus efficaces et plus respectueuses de la qualité de vie des patientes.
Vers une prise en charge plus ciblée et durable
L’étude s’inscrit dans une approche de médecine personnalisée. Un test sanguin de biopsie liquide, fondé sur l’analyse de l’ADN tumoral circulant (ctDNA), a permis d’identifier les patientes présentant la mutation PIK3CA, qui ont ensuite été réparties entre le groupe expérimental et le groupe témoin.
Ces résultats ouvrent la voie à des traitements plus ciblés et potentiellement plus efficaces pour un sous-groupe important de patientes atteintes de cancer du sein avancé, en apportant à la fois une amélioration de la survie, une réduction de la progression de la maladie et une meilleure qualité de vie grâce à un report de la chimiothérapie.