Un quotidien belge appelle à repenser la stratégie européenne envers le Golfe dans une ère de bouleversements

BRUXELLES, le 30 juin 2025 (WAM) – The Brussels Times appelle à repenser la stratégie européenne à l’égard du Golfe dans une ère de bouleversements, soulignant que cette révision doit s’inscrire dans une vision stratégique à long terme, dépassant les simples échanges transactionnels, pour favoriser une coopération durable fondée sur des intérêts communs, des opportunités économiques et la stabilité mondiale.
Dans un article d’opinion approfondi, la publication belge anglophone affirme : « L’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale, fondé sur les alliances occidentales, les institutions multilatérales et les valeurs démocratiques partagées, est en train d’être remodelé par une convergence complexe de nationalismes croissants, de réalignement économique et de résurgence du bilatéralisme. »

Dans ce paysage en mutation, les puissances intermédiaires, dont les États du Golfe, jouent un rôle croissant en influençant la diplomatie mondiale et en redéfinissant les relations traditionnelles. Leur politique étrangère ambitieuse et leurs projets de développement ne se limitent plus à l’échelle régionale, mais influencent désormais les grands débats mondiaux autour de l’énergie, de la technologie et de l’investissement stratégique.

Pour l’Union européenne, ce contexte constitue une opportunité critique. Alors que les États-Unis se désengagent de certaines sphères du leadership mondial, et que la rhétorique politique prend souvent le pas sur la diplomatie de fond, l’UE doit repenser son engagement avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Cette nouvelle approche doit dépasser les échanges ponctuels pour établir une coopération de long terme alignée sur des priorités partagées.

La participation croissante du Golfe aux BRICS et son rôle au sein de l’OPEP+ illustrent une volonté d’autonomie stratégique, orientée par des intérêts nationaux pragmatiques plutôt que par des garanties sécuritaires occidentales. Dans ce contexte, l’UE doit s’affranchir de visions dépassées pour répondre aux aspirations stratégiques du Golfe.

Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, en particulier, s’affirment comme puissances intermédiaires influentes, investissant massivement dans l’intelligence artificielle, les énergies propres, l’exploration spatiale et les infrastructures intelligentes. Ces ambitions rejoignent celles de l’UE en matière de transitions verte et numérique, renforçant la nécessité d’un alignement stratégique renforcé.

La Communication conjointe UE-CCG de 2022 et le Sommet UE-CCG de 2024 marquent des étapes importantes vers une redéfinition du partenariat. Toutefois, ces initiatives doivent se concrétiser à travers des mécanismes clairs de collaboration dans des domaines clés tels que la sécurité régionale, la technologie, et le commerce durable.

Sur le plan sécuritaire, les défis auxquels fait face le Golfe – de la crise humanitaire à Gaza à l’insécurité maritime en mer Rouge et dans l’océan Indien occidental – sont désormais liés aux théâtres d’opérations européens. Une coopération renforcée en matière de désescalade, de renseignement et de sécurité maritime est donc impérative.

Dans un monde façonné par la transformation numérique, la coopération UE-Golfe dans les domaines de l’IA et des technologies de pointe prend une importance croissante. Les investissements croissants du Golfe, notamment des Émirats arabes unis, dans l’infrastructure numérique et l’intelligence artificielle, sont porteurs d’opportunités pour les deux régions.

D’un point de vue commercial, alors que le discours protectionniste progresse aux États-Unis, l’UE reste un partenaire fiable pour les pays du Golfe. Les échanges commerciaux entre l’UE et les EAU atteignent 56 milliards d’euros de biens et 39 milliards d’euros de services par an. Le lancement officiel en mai 2025 des négociations en vue d’un accord de libre-échange UE-EAU marque un jalon important pour une croissance mutuellement bénéfique.

La transition énergétique représente également un domaine prometteur de coopération renforcée. Les États du Golfe, sous l’impulsion des EAU et de l’Arabie saoudite, investissent massivement dans les énergies renouvelables et l’hydrogène. L’UE, forte de son leadership en matière de réglementation environnementale, peut jouer un rôle de catalyseur dans ces projets. Le projet de coopération UE-CCG pour la transition verte, lancé lors du Sommet mondial sur l’énergie du futur 2024 à Abou Dhabi, reflète cet engagement partagé.

Enfin, l’UE doit abandonner une approche fragmentée et conditionnelle vis-à-vis du Golfe. Plutôt que d’imposer des normes, elle gagnerait à construire des partenariats fondés sur la réciprocité, tout en s’inspirant de l’innovation institutionnelle et numérique des pays du Golfe.

Les États du Golfe influencent désormais les normes de la gouvernance mondiale, en jouant un rôle actif dans les médiations régionales et en façonnant les standards technologiques. L’UE a désormais le choix : rester spectatrice dans un monde multipolaire, ou co-construire les nouvelles règles du jeu mondial avec ces acteurs émergents.

Un dialogue approfondi et une reconnaissance mutuelle de leurs intérêts partagés peuvent jeter les bases d’une relation solide et tournée vers l’avenir, reposant sur la confiance, la prospérité commune et une coopération stratégique.